La Jeune Fille et la Mort, d'Ariel Dorfman par Christopher Daniel Stewart

Publié le par planchescourbesetplanchesaclous-liens

 

la jeune fille et la mortC’est au Théâtre Arto que Tall Men Productions nous présentent La Jeune Fille et la Mort, écrit par Ariel Dorfman, mis en scène par Christopher Daniel Stewart. Paulina Escobar reçoit, des années plus tard, la visite inattendue et hasardeuse de celui qu’elle soupçonne être le Docteur Roberto Miranda, cet homme qui l’a retenue prisonnière, l’a torturée et violée pendant les années 70. L’action se déroule à l’intérieur de la maison de plage qu’elle habite, avec son mari, futur Ministre de la Justice, homme impuissant face à la souffrance inapaisable de sa femme, celle qui a tu son nom pour lui sauver la vie. Les scènes s’enchaînent, rythmées par des noirs qui laissent le spectateur dans une émotion et un effroi palpables. Le but est de faire avouer à cet homme, d’entendre de sa bouche, toutes les horreurs qu’il a commises sur le corps de cette ancienne étudiante, maltraitée au rythme de Schubert. Le climat est lourd, la tension à son maximum et le suspens omniprésent. Cet individu, ligoté à une chaise, est-il réellement ce Docteur Roberto Miranda que Paulina maîtrise du bout de son revolver ? Ou sa soif de vengeance, son besoin de justice et de vérité l’aveuglent-ils ? Les comédiens et la mise en scène, au rythme saccadé et aux tableaux multiples qui instaurent la notion d’attente et de curiosité, nous amènent dans ce procès sans preuve, dans cet interrogatoire, qui cherchent à faire éclater les horreurs passées. Juliette Degenne, dans le rôle de cette femme forte, mais souillée, sans autre but que de « le » retrouver, incarne avec fragilité et conviction ce cynisme et cet anéantissement profond d’un être qui voit, enfin, son moment d’écoute arrivé. Quant à Claude Lesko, il instaure le doute jusqu’à la dernière minute, oscillant entre victime et bourreau. Son énergie et la sincérité qu’il met dans son jeu illuminent la scène, renforcent le trouble et déclenchent la pitié d’une salle qui se désigne tribunal secret.

 

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