Himmelweg, de Juan Mayorga par Catherine Toussaint

Publié le par planchescourbesetplanchesaclous-liens

himmelweg.jpgEn Juin 1944, un délégué de la Croix-Rouge Internationale est envoyé dans un camps occupé par des Juifs afin de rendre un rapport sur leur situation. Berné par une véritable mise en scène théâtrale visant à créer de fausses situations aspirant à une population heureuse et sereine, il ne réalisera pas l’ampleur de l’horreur qui est en train de se dérouler sous ses yeux. Himmelweg de Juan Mayorga nous dévoile tous les rouages de cette manipulation orchestrée par un Général allemand qui fait part de son projet au « meneur » des Juifs détenus dans les baraques : écrire un texte pour chacun des prisonniers qui deviennent des personnages en pleine représentation afin de tromper ce délégué de la Croix-Rouge, en dissimulant la vérité. Le public assiste aux répétitions forcées de ces hommes et enfants qui n’ont d’autre choix que celui de s’exécuter pour connaître un soit-disant lendemain. La question de la mise en scène en tant que force de dissimulation, comme art et arme du mensonge, en tant que faux semblant, est projetée devant nous avec beaucoup de justesse et une forme de passivité, de soumission, de la part des comédiens, qui en renforcent l’horreur. L’Allemand s’attribue le rôle de metteur en scène et dirige ses pantins. Là est illustrée de manière schématisée toute la puissance de la relation entre les Allemands et les Juifs. Catherine Toussaint nous présente une mise en scène en corrélation avec cette idée de césure entre réalité et mensonge. Un dispositif scénique occupe la scène afin de recréer différentes situations dramatiques, toujours avec un calme et une monotonie qui effraient et émeuvent, tant le texte et l’originalité de l’histoire sont surprenantes.

 

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